C’est vrai, dans certains cas.
Il faut comprendre les effets financiers et la logique des investisseurs pour juger d’une levée de fonds cohérente ou non.
1. Pourquoi ?
Comme le commercial doit connaître parfaitement le cycle d’achat de ses clients, le leveur de fonds doit connaître parfaitement la logique d’investissement de sa cible.
L’investisseur en face de vous analyse trois caractéristiques de son investissement potentiel :
- La performance : quels rendements et/ou plue-value va t-il dégager de son investissement ?
- Le risque : quel est le risque de ne rien gagner, voire de tout perdre, voire de perdre plus que l’investissement initial ?
- La liquidité : quelle est la possibilité de revente des titres investis.
Le plus drôle : ces critères sont complétement subjectifs. Que vous ayez un hedge-fund, un capital-risqueur, un Business-Angel, un institutionnel, un investisseur privé, un banquier, un particulier, … chacun aura sa vision différente de ces trois critères.
Nous savons tous, par exemple, que le banquier est sujet à prendre beaucoup moins de risque qu’un capital-risqueur. La raison ? L’un a une posture de manager, l’autre d’entrepreneur. Le manager veut de la stabilité quand l’entrepreneur est prêt à perdre occasionnellement de l’argent pour ne pas passer à coté d’une affaire.
Finalement, la question du « pourquoi lever des fonds ? » revient à se demander « pourquoi ma cible d’investisseurs sera prête à miser ? »
Et selon cette cible – qui peut être mixte – les réponses sont multiples : pour financer de la recherche, du developpement, un investissement, des embauches, ou même de la trésorerie.
Mais comme dans le commerce, le produit doit être adapté à sa cible. Sinon vous ne vendrez jamais votre idée.
2. Comment
Il existe bien des moyens de structurer une levée de fonds. Des moyens classiques et des moyens plus techniques.
Et encore une fois, le choix devra se faire en fonction de la cible que vous avez en face de vous et de ce que vous souhaitez financer.
Les deux grandes catégories de levée sont les suivantes :
- Par la dette : vos investisseurs deviennent des prêteurs, dans des configurations semblables à un emprunt (capital remboursable + intérêts)
- Par les fonds propres : vos investisseurs deviennent actionnaires. Ils touchent des dividendes le cas échéant, et peuvent revendre leurs actions pour faire une plus-value.
Théoriquement, la dette est moins risquée que les fonds propres.
Je m’explique : dans la théorie, les remboursements de dette sont prévus à l’avance et vos investisseurs ont donc la certitude d’obtenir remboursement selon des échéances connues. Tandis que le capital est un pari sur la rentabilité future de la société (dividendes) et sur sa valeur future (plue-value de cession).
Et la théorie est juste. Pour les entreprises structurées : 5% des organisations.
Dans la pratique, pour les jeunes pousses vous avez quasiment autant de chance qu’elles ne réussissent pas leur développement et qu’elles ne puissent pas vous rembourser votre créance que de ne pas faire de plue-value sur la cession de vos actions.
Néanmoins, selon le type d’investisseur, il vous préféreront l’un ou l’autre, voire des solutions alternatives et plus techniques.
3. A quel prix ?
Les leveurs de fonds, que ce soit par la dette ou par le capital, ont une facheuse tendance à oublier un facteur essentiel : le coût de l’argent.
Parce que lorsque l’on voit 2M€ arriver sur son compte en banque, on se dit nécessairement que l’on va pouvoir faire quelque chose de grand, quelque soit le prix.
Et bien non.
La rentabilité de vos capitaux doit nécessairement être supérieure au coût de l’argent où vous subirez ce que l’on appelle l’effet de massue : une faillite accélérée et traumatisante.